Le 13 août 1548 Antoinette de Bourbon accueille Marie Stuart à Brest. La petite reine d’Ecosse est envoyée en sécurité en France par sa mère, Marie de Guise régente du royaume d’Ecosse. La petite fille doit être élevée à la cours des Valois en attendant son mariage avec le dauphin François. Dans une lettre envoyée à son fils Antoinette de Bourbon décrit Marie : « Nostre petite reyne est la plus jolye […] elle sera belle fille, car le taint est beau et cler. » (sic) Arrivée à la cours du roi Henri II, Marie rejoint les enfants royaux, dont son futur époux. Elle va désormais faire partie de l’une des cours les plus brillantes d’Europe.
Portrait de Claude de Beaune de Semblançay
, dame de Châteaubrun, atelier de François Clouet
(v.1520-1572), 31x22cm,
musée du Louvre.
En France, tous les palais, les espaces d’apparat sont ornés de portraits. Ces tableaux sont plus que de simples représentations. Ils reflètent également les vertus, les traits de caractères des personnes peintes. Pour les femmes la grâce, l’élégance et l’esprit sont souvent mis en valeur. Ces vertus sont celles exigées par Catherine de Médicis envers ses dames. Les portraits sont exécutés à la demande des souverains par leurs peintres officiels. Etre portraituré par ordre du roi est un des plus grands honneurs qui soit pour les courtisans. La beauté du corps est représentée, autant que celle de l’esprit. Pour les contemporains de Marie Stuart, la beauté physique représente la beauté de l’âme et les vertus. Montaigne le rappelle souvent dans ses écrits. Dans ces conditions on comprend l’importance et la complexité de l’art du portrait au XVI° siècle.
François I°, roi de France, Jean Clouet,
vers 1525, 21x17cm,
musée du Louvre.
Dans ce domaine deux hommes vont exceller, un père et son fils : Jean et François Clouet. Jean Clouet est né vers 1485, après une formation dans les Flandres il s’installe en France. Il est cité pour la première fois dans les inventaires royaux en 1516 en tant que peintre et valet de la Garde-Robe. Il a le privilège de voir le roi tous les jours et de percevoir des revenus fixes et confortables. A sa mort vers 1540-41 son fils François Clouet (surnommé Janet, ce qui entrainera beaucoup de confusions par la suite) reprends son atelier. François I° le désigne alors comme son « cher et bien amé painctre » (sic). Dans son éloge rédigée en 1560, Marc Claude de Buttet, poète de la Pléiade, estime qu’il n’y a qu’Appelle, le grand peintre de l’antiquité, seul autorisé à peindre Alexandre le Grand, qui puisse être comparé aux Clouet. Tout comme son père François occupe une place privilégiée auprès de la famille royale, il est l’objet d’une considération particulière et d’une confiance absolue selon Alexandra Zvereva. La reine Catherine de Médicis, sa plus grande cliente, lui fera même l’honneur de venir visiter son atelier en 1563. François Clouet peints des portraits aussi intimes que politiques, il est responsable de l’image des souverains sur leurs portraits, les monnaies, pour les effigies en cire lors des enterrements. François Clouet a su rester le portraitiste favori des souverains de François I° à Charles IX. A sa mort en 1572 il laisse à sa sœur une fortune importante.
Portrait de Marie Stuart, François Clouet,
vers 1549-50,
collection particulière.
Dès son arrivée en France la jeune Marie Stuart doit s’intégrer dans ce système de représentation. Si l’art du portrait est très développé en Angleterre grâce à Hans Holbein puis Nicholas Hilliard, il est presque totalement absent en Ecosse. L’iconographie de la jeune reine doit être inventée. Si François Clouet n’est pas le seul à avoir portraituré Marie lors de son séjour en France, le peintre Germain Lemannier faisait partie de la maison des enfants de France, il nous a néanmoins laissé les portraits les plus célèbres de la jeune reine. Le premier est réalisé vers 1549-50, quand Marie a environ 7 ou 8 ans. C’est un « crayon » un portrait à la pierre noire et sanguine sur papier. Généralement les dessins, les esquisses servent uniquement au travail préparatoire de l’artiste et n’ont pas vocation à sortir de leur atelier, comme ceux d’Hans Holbein. Les dessins des Clouet sont des exceptions notables. Ce sont des œuvres en tant que telles, elles sont collectionnées, conservées précieusement. La mère de François I°, Louise de Savoie en lance la mode après la défaite de Pavie. Elle diffuse au travers de ces dessins l’image d’une cour unie autour de son roi. François I° en fait la collection ; elle est léguée à sa belle-fille Catherine de Médicis qui l’augmente de nombreux crayons de François Clouet. Ce portrait en faisait partie. Il est annoté de la main même de la reine comme le « portrait de la reine d’Ecosse étant petite ». Ce dessin formait surement une paire avec celui du dauphin François, le futur époux de Marie. Les annotations de Catherine de Médicis laissent penser qu’ils étaient conservés ensemble.
Portrait de Marie Stuart, François Clouet, 1555,
Wroclaw, institut national Ossolinski (Pologne).
En 1554, Marie Stuart vient vivre en permanence à la cours avec son fiancé. Elle est admirée pour sa beauté, sa grâce. Pour les poètes de la Pléiade, sur l’Olympe des Valois Marie est sans aucun doute Vénus. Son iconographie doit être mise à jour. François Clouet se charge de faire un nouveau portrait de la jeune femme. Selon les conventions mises en place à la cours une personne doit être reconnaissable toute sa vie. Clouet ne change pas la forme du visage et modifie très légèrement les traits qu’il a tracés 5 ans plutôt. Les principaux changements concernent la tenue et la coiffure de la jeune femme. La mode a changé, les fraises couvrent désormais intégralement les gorges. Désormais une jeune femme, Marie abandonne le touret (bandeau) pour une coiffe.
Portrait de Marie Stuart, d’après François Clouet,
portrait vers 1560, Bibliothèque nationale de France.
En 1558, année du mariage de Marie et de la prise de Calais, François Clouet peint de nouveau Marie Stuart. Le portrait original est perdu. Il reste toutefois des copies, dans le livre d’heures de Catherine de Médicis sur un portrait du Victoria & Albert Museum de Londres ainsi que deux miniatures. Si les robes changent, les traits du visage sont identiques sur toutes ces images.
Portrait de Marie Stuart, d’après François Clouet, 1559
, Londres, Victoria and Albert Museum
Sur ces portraits la jeune femme a abandonné les coiffes pour la nouvelle coiffure à la mode avec un chignon à l’arrière de la tête. Les robes choisies différent sur chaque tableau et sont toutes somptueuses. Marie commence-t-elle à se libérer de l’influence de Catherine de Médicis, qui dictait jusqu’alors les représentations de la jeune femme ? En tout cas la dauphine met en avant sa beauté, son plus grand atout. Après la mort accidentelle du roi Henri II, ce portrait devient celui de la nouvelle reine de France.
Portrait de Marie Stuart en deuil blanc,
François Clouet,
1559-60
Londres
collection de sa majesté la reine Elisabeth II.
Si François II se contente du dernier portrait de lui, réalisé par Clouet en même temps que celui de Marie en 1558, la nouvelle reine veut une nouvelle image d’elle. Cette fois libre de ses choix, elle décide de se faire représenter en grand deuil blanc, le deuil des reines. Ce choix tranche avec celui de Catherine de Médicis ou d’Anne Bretagne qui se sont fait représentées en noir (cf portrait suivant). Marie rappelle les deuils qui l’ont frappée du début de son règne français : la mort d’Henri II puis celle de sa mère Marie de Guise. Sans bijoux, ou soierie luxueuse, toute l’attention du spectateur est fixée sur le visage de la reine. Marie nous regarde dans les yeux, ce qui est très rare sur les portraits de l’époque. Les Clouet peignent les yeux différemment de leurs contemporains. Les deux yeux de leurs modèles sont de taille identique, présentés sur une même ligne. Cette technique embellit tous les visages. Sur ce portrait Marie mets en valeur sa beauté. Il n’est pas un anodin que la jeune femme choisisse ce portrait pour être envoyé à « sa bonne sœur » Elisabeth I°. De vives tensions sont nées entre les deux femmes et leurs royaumes quand Marie et François ont affichés les armes de France, d’Ecosse, d’Angleterre et d’Irlande à leur couronnement en 1559.
Portrait de Catherine de Médicis,
reine de France,
François Clouet,
1570,
Musée Carnavalet
Paris.
En 1560 une réconciliation est souhaitée par les deux partis. Marie reçoit l’ambassadeur d’Angleterre, Throckmorton, et lui fait part de son désir d’envoyer son portrait à Elisabeth, à condition que la reine lui envoie également le sien. Marie Stuart déclare à l’ambassadeur : « Monsieur l’ambassadeur, je m’aperçois que vous m’aimez mieux lorsque j’ai l’air triste que lorsque j’ai l’air joyeux, car on m’a dit que vos désirez avoir ma peinture où je porte le deuil. » (sic) L’ambassadeur n’a jamais osé formuler une telle demande, c’est une pique de la reine d’Ecosse. Pour beaucoup d’auteurs la guerre entre les deux souveraines commence par cet « échange » de portraits. Marie en sort perdante, car Elisabeth, elle, ne lui fera jamais parvenir son portrait. Dès le mois de décembre 1560 Marie perd son mari François II. Veuve à 20 ans, elle doit rapidement quitter la France. Son départ est perçu comme un exil par beaucoup de ses contemporains. Ce portrait devient le symbole des malheurs qui ont frappé la reine d’Ecosse dès son plus jeune âge et l’un des plus beaux témoignages de sa beauté.
Portrait d’Elizabeth I°$
Steven Van der Meulen,
1563,
collection privée
Ces portraits nous montrent la vie française de la reine d’Ecosse. Surement la période de sa vie la moins connue du grand public. Nous y voyons son évolution, physique mais également morale, son émancipation, les débuts de son conflit avec Elisabeth I°, les deuils qui la frappèrent. Nous réalisons également à quel point Marie Stuart fut, pendant plus de 10 ans, une véritable princesse française. Cette enfance, le faste dans lequel elle vécut, l’éducation qu’elle a reçue ne furent sans doute pas sans conséquence sur la suite de sa vie et de son règne. De retour en Ecosse, Marie ne pourra pas y introduire l’art du portrait. Elle perd son trône dès 1567 en abdiquant au profit de son fils. Sa puissante rivale Elisabeth, a su comme son père Henri VIII, utiliser l’art du portrait. Cette peinture de la reine d’Angleterre réalisée en 1663 illustre parfaitement la différence entre l’image les deux souveraines.
Nous remarquerons qu’Elisabeth a fait appel à un artiste d’origine flamande. Comme en France les premiers grands portraitistes du XVI° siècle viennent des écoles du Nord. Toutefois l’art du portrait a évolué de façon aussi riche que différente dans nos deux pays. Le portrait d’Elisabeth est l’un des derniers exécutés avant la naissance du portrait allégorique anglais.
Déjà au Moyen Age, Billom apparaissait comme une ville d'enseignement réputée, avec son école annexée à la collégiale Saint-Cerneuf. Au moment de la Contre-Réforme, de nombreux ordres et confréries s'implantèrent à Billom : Capucins, Bénédictines et Visitandines.... Mais l’histoire de la ville est surtout marquée par la fondation en 1555 par l'évêque Guillaume Duprat du premier collège jésuite de France.
L’ancien collège
Les bâtiments sont construits en 1559 et 1560 à l’extérieur des remparts de la ville, côté sud. Du collège primitif, il ne reste qu’un quadrilatère formé par la chapelle et les anciennes habitations organisées autour d'une cour. Bien que remaniés à de nombreuses reprises, ces bâtiments conservent les caractéristiques des premières constructions jésuites du 16e siècle : le repli sur elles-mêmes, inspiré par les cloîtres des abbayes et par les écoles militaires, une architecture géométrique et austère mais incluant une salle pour les activités théâtrales, élément fondamental de l’éducation jésuite. À l'origine, les bâtiments scolaires s'organisaient autour de la cour des classes, aujourd'hui disparue. Des classes de lettres (comprenant l'enseignement de la grammaire, de la dialectique et de la rhétorique) et de théologie y sont ouvertes. Au cours des 17e et 18esiècles, le collège prend de l’ampleur et contribue notablement à la notoriété de la ville.
Le Typus religionis, un tableau allégorique
L’autre témoin du séjour des Jésuites à Billom est un tableau intitulé Typus religionis, peint sur toile au début du 17e siècle. Conservé à Paris au musée de l’Histoire de France, il provient de la chapelle du collège. Il s’agit d’une allégorie de la religion, au sein de laquelle les jésuites occupent une place prépondérante : le vaisseau des Elus poussé par le souffle du Saint Esprit, mené par les ordres religieux et piloté par les Jésuites, navigue sur la Mer du Siècle en direction du Port du Salut. Il tire le vaisseau des séculiers auxquels est mêlé le pape.